Hello !
J’ai ajouté un le widget pour s’abonner, alors n’hésitez pas ! Bon, revenons à nos moutons…
J’ajoute cet espace :
Mettez vos débuts/résumés de romans en commentaire pour que tout le monde puisse les lire. Je serais moi aussi très heureuse de les lire.
Voilà ! J’espère que vous serez nombreuses à participer en laissant vos débuts/résumés de romans ici.
Merci !
N’hésitez pas à commenter ou à vous abonner !
Miss Paula.
C’est super ! Je serais toujours incapable d’écrire quelque chose avec autant de talent !
Merci beaucoup !
Ca prend vraiment longtemps mais je si sûre que tu en es capable car tes articles sont très bien écrits !
A bientôt !
RELIURE INACHEVÉE
Prologue
Alors que Céline, la relieuse, s’apprêtait à fermer boutique, elle entendit un bruit métallique à l’étage. Elle s’y rendit et vit un homme grand et assez mince, caché sous la capuche de son sweat noir, qui fouillait dans les fournitures et dans les livres abîmés. Il était apparemment entré par effraction. Soudain, il se retourna et sortit un objet de sa poche : un poignard !
La jeune femme voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. L’homme armé s’avança vers la relieuse terrorisée et lui planta son arme blanche en plein cœur. Sa dernière pensée fut pour son mari, Stéphane, qui l’attendait chez eux. Le pauvre avait préparé un bon repas et allait se retrouver seul.
Céline tomba sur le sol. Pendant ce temps, le meurtrier attrapa une liasse de feuilles volantes attendant patiemment d’être reliées. Puis il s’enfuit dans la nuit noire d’hiver.
Chapitre 1
Gwendoline Latornade, détective privée réputée, venait à peine de rentrer chez elle après une enquête particulièrement difficile. A seulement vingt ans, elle était mondialement connue et ses services beaucoup demandés. Alors qu’elle posait ses lunettes de soleil sur la table à l’entrée de son appartement situé en plein centre-ville de Paris, le téléphone sonna. Elle décrocha :
« Allô, Gwendoline Latornade, détective privée, en quoi puis-je vous aider ? dit-elle en soupirant, songeant à la quiétude et à la tranquillité de son ancienne vie, avant qu’elle ne résolve sa première énigme qui l’avait rendue célèbre.
-Oui, bonjour, c’est au sujet d’un meurtre qui a eu lieu hier soir, au 3 rue du Ruisseau.
-D’accord … qui est la victime ?
-C’est Céline Mérilles, la relieuse de la boutique « Voyage au bout du monde ». C’est … c’était ma, ma femme, répondit l’homme se mettant à pleurer.
-Qui êtes-vous ?
-Mon nom est Stéphane Mérilles.
-Où habitez-vous ?
-Au 27, rue des Chaises
-Ne bougez pas, j’arrive le plus vite possible. »
Gwendoline, surnommée Gwen, reprit ses lunettes de soleil, ferma la porte à clef et partit en voiture.
*****
Il y avait un petit attroupement à l’entrée de la boutique. Tous chuchotaient d’un air inquiet et certains retenaient difficilement leurs larmes. Un homme cependant se détachait des autres. Il était de taille moyenne, brun avec une barbe et avait la peau très pâle. Recroquevillé dans un coin, à l’écart, assis sur le sol, il pleurait doucement. Il leva la tête quand Gwen arriva et un éclat d’espoir passa dans ses yeux verts. L’espoir de venger celle qu’il avait aimée, celle qu’il avait attendue pendant des heures la veille alors que les bougies de son repas romantique se consumaient. On pouvait presque ressentir son abattement en le voyant, tant il y avait de tristesse qui émanait de sa personne. C’était Stéphane Mérilles. Il se leva et avança d’un pas lent vers la détective.
« Bonjour, merci d’être venue si vite, dit-il d’une voix lasse.
-Bonjour. Pouvons-nous entrer à l’intérieur, loin des oreilles indiscrètes, s’il-vous-plaît ?
-Bien sûr, allons-y. »
Après un interrogatoire rapide et un examen de la scène du crime, Gwen Latornade en sut un peu plus :
La victime travaillait depuis plusieurs jours sur un très grand et important projet. Celui-ci consistait à relier un livre très précieux et ancien nommé : « Méthodes chimiques ». Il refermait tous les secrets d’un célèbre chimiste, George Dirat, mort quelques années auparavant. L’ouvrage contenait toutes ses notes. Il l’avait confié à un ami de confiance qui l’avait lui-même apporté à Céline pour qu’elle le rénove. Après un examen précis, il fallait se rendre à l’évidence : le précieux volume n’y était plus. En faisant le tour du propriétaire, Gwen remarqua aussi une vitre brisée, tout le matériel de travail de la relieuse renversé par terre et un sac à main sur le sol, signes évidents d’une fouille de l’appartement.
Dans sa tête, la célèbre détective privée essayait de visualiser le trajet du voleur-meurtrier :
« Alors, il est sûrement passé par la fenêtre, c’est même certain. Ensuite, euh … il a attendu que Céline descende et a commencé à fouiller l’étage. Quand elle est remontée, pour ne pas qu’elle lui pose de problèmes, il l’a tuée. Il faudrait faire examiner le corps mais c’est sûrement avec un couteau ou quelque chose comme ça. Après … il n’a pas traîné, a trouvé le livre et est sorti par la fenêtre déjà brisée », se dit la jeune femme.
Elle fit part de ses observations à Stéphane.
La morgue vint chercher le corps promettant de donner des nouvelles sur l’arme utilisée pour tuer la femme. Gwen salua Stéphane et rentra chez elle, lui promettant de revenir le lendemain.
Une fois dans son appartement, elle but une bière, prit un paquet de chips, s’installa confortablement sur son canapé et dressa une liste de toutes les questions qu’elle devrait poser au veuf le jour suivant. Elle posta aussi un appel à témoins sur ses réseaux sociaux et elle alla se coucher.
Chapitre 2
La jeune enquêtrice se leva de bonne heure et passa s’acheter un pain au chocolat pour le petit-déjeuner dans sa boulangerie artisanale favorite. C’était une habitude qu’elle avait prise quand elle était à l’université, quelques années auparavant, et elle s’y tenait toujours, même quand une enquête l’attendait.
Elle fila directement rejoindre Stéphane en mangeant sa viennoiserie dans sa petite voiture. Elle lui envoya un message pour le prévenir de son arrivée au cas où il serait en train de dormir.
Quand elle arriva devant le lieu du crime, le veuf n’était pas là.
Un quart d’heure plus tard, il sortit de la boutique. Il avait les cheveux tout ébouriffés et venait certainement d’être tiré hors du lit par le message de Gwen. Il n’avait sans doute pas beaucoup dormi car de gros cernes violacés avaient pris place sous ses yeux encore à moitié fermés. Il portait un pantalon de survêtement et un t-shirt large enfilé à la hâte. Il se passa la main dans les cheveux et dit d’une voix endormie :
« Bonjour, attendez que je vous ouvre. »
A l’intérieur, ils prirent place sur des fauteuils vieux et abîmés et Gwendoline lui fit part de son appel à témoins. Voyant qu’il commençait à s’endormir, elle partit et le laissa se reposer. De plus, il était bientôt 10 heures. Il était temps qu’elle rejoigne son bureau où les témoins potentiels allaient bientôt arriver.
Vingt minutes plus tard, elle était installée à sa table de travail quand la sonnette retentit. Gwen courut ouvrir. Un homme d’une quarantaine d’années se tenait derrière la porte. Il avait un sourire chaleureux plaqué sur son visage et il gesticulait les mains dans tous les sens en parlant.
Il serra la main de Gwen et dit :
« Bonjour, vous êtes bien Gwen Latornade ? J’ai beaucoup entendu parler de vous !
-Oui c’est moi. Vous venez témoigner ?
-Oui c’est ça. »
Gwendoline lui proposa un verre et ils s’assirent autour d’une table sur le balcon donnant sur la Tour Eiffel. Le nouveau venu appelé Guillaume commença à témoigner après s’être présenté. C’était un ami proche de Céline. La jeune relieuse et lui avaient l’habitude de rentrer ensemble, étant donné que leurs boutiques fermaient à la même heure et qu’ils prenaient le même métro. Le soir du meurtre, il l’attendait au coin de la rue, comme tous les soirs. Dix minutes plus tard, la relieuse n’était toujours pas arrivée alors qu’elle était d’habitude toujours ponctuelle. Guillaume avait donc décidé de marcher jusqu’à « Voyage au bout du monde ». Arrivé là-bas, il ne vit pas son amie mais un individu grand et habillé tout de noir qui courait à toute vitesse. Il venait de derrière la boutique et avait un paquet sous le bras. Dans sa main libre, il tenait une sorte de cagoule. Il avait les cheveux très foncés, presque noirs, et de nombreux tatouages dans la nuque. Sur le moment, Guillaume ne s’en était pas préoccupé et était rentré chez lui, pensant que Céline avait fermé plus tôt.
Mais quand il avait appris le meurtre de son amie, il s’était subitement rappelé l’apparence du fuyard et avait décidé de venir témoigner.
L’enquêtrice et Guillaume discutèrent encore quelques minutes mais furent interrompus par la sonnette. Ils échangèrent leurs numéros de téléphone et se saluèrent.
C’était une femme qui venait d’arriver. Elle avait les cheveux blond platine et les lèvres pincées. Elle jeta un coup d’œil dédaigneux à son hôte et marmonna un commentaire désobligeant sur la propreté des lieux.
Elle annonça d’une voix hautaine :
« Je viens pour répondre à quelques questions au sujet du crime commis sur Céline Mérilles. Je n’ai pas le temps de m’attarder. Je dois me rendre à un thé organisé par une très chère connaissance. Allez-y, commencez.
-Quelles informations avez-vous à apporter ? dit la jeune femme d’un ton froid. Ce n’était pas dans ses habitudes mais elle en avait déjà assez de cette personne et avait hâte d’en finir.
-Et bien, figurez-vous que je pense avoir aperçu le coupable. Il était vêtu de noir, avait des cheveux brun foncé et portait quelque chose dans ses mains. Il était dos à moi. Je n’ai que vaguement aperçu son visage quand il s’est retourné. Il avait l’air paniqué. Un certain nombre de tatouages décoraient sa nuque et il avait la peau mate.
J’espère vous avoir aidée, au revoir.
-Attendez ! Vous souvenez-vous dans quelle rue vous l’avez vu et dans quelle direction il allait ?
-Dans la rue où se tient le marché le samedi. Il allait vers la bouche de métro la plus proche. Maintenant, je vous laisse.
-Merci pour vos précieuses informations, Madame. »
Gwen patienta toute la journée mais personne d’autre ne vint. Elle était néanmoins heureuse des renseignements apportés par ses deux visiteurs.
Elle se promit de faire des recherches poussées sur les différents suspects le lendemain.
Chapitre 3
Dans la matinée, l’enquêtrice reçut un message du médecin légiste chargé du corps de Céline. Son hypothèse fut confirmée : la jeune femme avait bien été tuée par une arme blanche.
Après son déjeuner (une salade de pâtes et une clémentine), elle retourna à la boutique où elle rejoignit Stéphane qui y avait encore dormi. Elle le tint au courant des dernières nouvelles. Elle entreprit ensuite de fouiller l’ordinateur de la relieuse pour retrouver le nom et peut-être l’adresse de la personne ayant déposé le précieux livre quelques semaines plus tôt. Par chance, Stéphane connaissait le code confidentiel de sa femme.
Une fois déverrouillé, l’objet technologique se révéla très utile. L’homme en question se nommait Phil et habitait le 349 rue du brouillard. Après une recherche sur Internet, ils trouvèrent l’individu. Phil était roux et avait les yeux verts. Des rides lui barraient le front. Il portait des lunettes rondes et avait un double menton. Il était obèse et semblait avoir une soixantaine d’années. Sur une des photos, il posait aux côtés du scientifique lui ayant vraisemblablement confié son livre.
Il fut décidé que Stéphane et Gwen se rendraient à l’adresse indiquée par l’ordinateur pour poser quelques questions à Phil et lui demander des renseignements à propos des potentiels convoiteurs de l’ouvrage écrit par le professeur.
Une demi-heure plus tard, ils étaient devant l’immeuble de celui qui pourrait (ils l’espéraient) apporter de précieuses informations pour avancer dans l’enquête. Ils toquèrent à sa porte et attendirent quelques minutes. Le résident leur ouvrit.
« Bonjour, que voulez-vous ?
-Bonjour, nous aimerions vous parler de l’enquête concernant le meurtre de Céline Mérilles et le vol du livre de votre ami George Dirat. Vous en avez peut-être entendu parler.
-Oui, entrez. dit-il, la voix chargée d’émotion. »
Après avoir fait le récit complet de l’investigation, du coup de téléphone de Stéphane à la fouille de l’ordinateur de la relieuse, Gwen commença l’interrogatoire.
« Connaissez-vous certaines personnes convoitant les travaux de votre ami ?
-Environ tous les scientifiques du monde voulaient posséder ses travaux et ses équations mais il m’a bien donné plusieurs noms. Peu de gens le savent, mais George me confiait beaucoup de choses et m’a dit que je devais me méfier de certaines personnes …
-Vous souvenez-vous des noms ? le pressa Stéphane qui brûlait de retrouver l’assassin de sa femme et de pouvoir enfin déverser toute sa rage sur quelqu’un.
-Par chance, il m’a donné une liste et je pense encore l’avoir quelque part dans un carton au grenier … »
Ils se rendirent donc tous au grenier en question et fouillèrent pendant plusieurs heures avant de trouver la liste.
Six noms figuraient dessus :
-Robert Bortulazi
-Cédric Siraddi
-Lucas Marinaya
-Anthony Markson
-Émilie Karse
-Chris Lillat
Gwen et Stéphane firent une copie de la précieuse liste, remercièrent chaudement Phil et lui promirent de le tenir au courant des avancées de l’enquête.
*****
Ils firent des recherches et virent que bien que tous ces individus étaient de célèbres scientifiques, ils ne trouvaient aucune trace de leurs expériences. Bizarre …
Le lendemain serait une grosse journée pour Gwen, elle devrait à tout prix essayer de trouver des renseignements sur les suspects.
Gwen raccompagna Stéphane chez lui. Elle voulait être sûre qu’il dorme dans son appartement et pas à « Voyage au bout du monde ».
Chapitre 4
Le lendemain, la célèbre enquêtrice resta chez elle toute la matinée. Elle fit des recherches plus poussées que la veille sur les noms figurant sur la fameuse liste.
Sur un site de sciences, elle trouva des informations sur Robert Bortulazi :
– Physique : blond aux yeux verts perçants, les cheveux mi-longs, la mâchoire carrée, la quarantaine, peau très pâle, oreille décollées
– Pays de résidence : France
– Adresse : 27, rue des capucines
– Dernière expérience : modifier l’ADN des abeilles (pas concluant)
– Projet en cours : non dévoilé
Satisfaite, elle tapa « Cédric Siraddi » dans la barre de recherche et vit qu’il existait une biographie de cet homme. Elle se rendrait à la bibliothèque dans l’après-midi pour l’emprunter.
Ensuite, elle fit de même avec Lucas Marinaya.
– Physique : épaules larges, crâne rasé, tatouage en forme d’oiseau sur le poignet, environ trente ans, sourire en coin, peau mate
– Pays de résidence : Inde
– Adresse : 8, Kamraj Road
– Dernière expérience : créer une nouvelle matière pouvant remplacer le plastique
– Projet en cours (après bien des recherches complexes de la part de notre enquêtrice) : Nouvelle arme chimique
Puis avec Anthony Markson.
– Physique : Cheveux noirs assez courts, peau foncée, petits yeux noirs méchants, chaîne en or ne quittant pas son cou
– Pays de résidence : France
– Adresse : 451, impasse des colombes
– Dernière expérience : création d’un nouveau colorant
– Projet en cours : introuvable
Il se trouvait que Émilie Karse et Chris Lillat habitaient au même endroit, le 13, rue Maraki en Islande. Après quelques clics, Gwendoline découvrit qu’ils étaient cousins.
Émilie :
– Physique : cheveux bruns courts, peau assez pâle, yeux marron très foncé, grain de beauté sur la joue
– Pays de résidence : Islande
– Adresse : 13, rue Maraki
– Dernière expérience : créer une substance capable de faire fondre la glace instantanément (projet arrêté car dangereux pour les poissons)
– Projet en cours : somnifère très très puissant
Chris :
– Physique : cheveux bruns courts, peau assez pâle, yeux verts
– Pays de résidence : Islande
– Adresse : 13, rue Maraki
– Dernière expérience : créer une substance capable de faire fondre la glace instantanément (projet arrêté car dangereux pour les poissons, ce qui n’avait pas l’air d’affecter l’homme)
– Projet en cours : somnifère très très puissant
Pour mieux s’y retrouver, Gwen avait effectivement réalisé une fiche sur chacun d’eux (ci-dessus) – à l’exception de Cédric Siraddi, sur qui elle comptait trouver des renseignements à la bibliothèque.
Elle déjeuna en vitesse et se rendit dans le lieu qui, elle l’espérait, l’aiderait dans son investigation.
Une fois arrivée, elle se balada dans les rayons et trouva l’ouvrage intitulé « Cédric Siraddi – une biographie »
Elle commença juste par le feuilleter mais, intéressée, elle le lut d’une traite. Cet ouvrage regorgeait d’informations scientifiques et personnelles en tous genres sur le savant. Quand Gwen leva la tête à la fin de sa lecture, il était déjà 17 heures. Trois heures déjà qu’elle lisait ! Elle avait totalement perdu la notion du temps ! Elle avait largement trouvé les informations qu’elle souhaitait et plein d’autres détails : par exemple, le chercheur avait la phobie des fruits à coque. Dès qu’il voyait une noix de cajou, une amande ou autre, il se mettait à hurler et sa première réaction était de faire comme d’autres font avec les araignées : il commençait par l’écraser avec une chaussure qui traînait par terre avant de le jeter par la fenêtre ou dans les toilettes. Puis, il tirait la chasse.
Voilà les informations qu’elle nota sur la fiche le concernant :
– Physique : Très petit (1, 45 m), cheveux châtain clair, yeux noirs, grand sourire sur toutes les photos
– Pays de résidence : France
– Adresse : 209 route de la tarte au citron
– Dernière expérience : chewing-gums qui réchauffent quand on croque dedans
-Projet en cours : « personnel » (pas plus d’informations)
Elle rentra chez elle et réserva un billet d’avion Paris-Delhi, un Delhi-Reykjavík et un Delhi-Paris. Elle allait rendre visite à Lucas Marinaya dès la semaine suivante et tenter d’en apprendre plus. En attendant, il fallait qu’elle aille voir les suspects habitant la France. Elle irait sans Stéphane, il l’encombrerait et de toutes façons, il fallait qu’il se repose.
Le lendemain, après son petit-déjeuner habituel, Gwen appela Stéphane pour le prévenir qu’elle rendrait visite aux suspects seule. Elle craignait des réactions de violence ou de désespoir et puis, c’était quand-même elle la détective !
Elle regarda sur Google Maps l’emplacement de la maison d’Anthony Markson. Une chose expliquait son choix : il habitait lui aussi à Paris et elle ne voulait pas avoir à trop se déplacer ce jour-là.
Une heure plus tard, elle se trouvait devant chez le suspect. Elle se remémora mentalement les questions qu’elle devrait lui poser. Elle ferait semblant d’être une journaliste voulant l’interviewer pour un magazine de sciences. Elle espérait avoir des réponses et en profiterait pour jeter un coup d’œil une fois à l’intérieur. Avec assurance, elle toqua à la porte …
Chapitre 5
« Qu’est-ce que vous voulez ? lui demanda l’homme des photos d’un air bourru.
– Bonjour, je suis journaliste pour le magazine « La science à travers les âges » et j’aimerais vous interviewer. Nous voudrions montrer votre parcours en tant qu’exemple pour les jeunes qui nous lirons.
-Ouais, entrez, bougonna l’homme, pas plus aimable. »
Quand elle passa la porte, Gwendoline se retrouva transportée dans un autre monde. Il y avait un bazar incroyable dans l’appartement : des vêtements sales traînaient sur le sol dans des moutons de poussière, une odeur de renfermé et de produits toxiques pénétrait dans le nez de Gwen qui se mit à tousser. A part un salon avec un canapé lit, une petite cuisine et une salle de bain, toutes les pièces étaient dédiées à différentes expériences. Les lieux accueillant celles-ci ne semblaient pas avoir été aérés depuis des siècles et des flacons de produits de différentes couleurs rendaient la circulation très difficile. Un nuage rose flottait librement dans tout le logement, rendant l’ambiance vraiment étrange. Tout le mobilier était vieux et abîmé.
L’homme montra d’un mouvement de menton une chaise semblant dater d’une autre époque à la « journaliste » qui le dérangeait au beau milieu d’une nouvelle expérience. Elle prit place et lui demanda :
« Seriez-vous d’accord pour que je vous filme et que je prenne des photos pour notre site internet ?
-Certainement pas, j’ai déjà assez posé pour toute ma vie ! »
« Dommage », pensa Gwen, « ça aurait été intéressant d’examiner les photos. »
« Alors, commençons si vous le voulez bien.
-Allez-y.
-A quel âge avez-vous réalisé votre première expérience ?
-J’avais dix ans, mon père qui était lui aussi passionné par les sciences m’avait offert une boîte remplie de matériel. »
Alors qu’il prononçait ces mots, dans ses yeux passa un éclat de bonté, de nostalgie. Cette conversation avait déjà commencé à lui rappeler de bons moments passés avec son père et sa boîte de science.
« Seriez-vous d’accord pour nous livrer quelques informations en exclusivité à propos de votre nouveau projet dont vous n’avez jusqu’à maintenant rien révélé ? demanda l’enquêtrice, allant droit au but.
-Je peux seulement vous dire qu’il va changer le monde et qu’il devrait voir le jour dans un délai de une à deux semaines. Je ferai d’ailleurs une conférence de presse juste avant la révélation au grand public si ça vous intéresse.
-Oui, merci beaucoup, j’y serai.
-Avez-vous une dernière question ?
-Que pensez-vous des travaux mythiques du professeur George Dirat ? Nous allons rédiger une fiche le concernant et nous voudrions votre avis.
-Le travail acharné qu’il a fourni pendant toutes ces années dans le monde de la science m’impressionne et force le respect. Je trouve cependant dommage qu’il n’ait pas partagé son savoir avec les plus jeunes d’entre nous, car ses connaissances ont disparu en même temps que lui. Paix à son âme.
-Merci beaucoup d’avoir répondu à ces questions. A bientôt à la conférence de presse.
-Au revoir. »
Il lui claqua la porte au nez.
Déroutée, la jeune femme s’éloigna dans la rue. L’homme lui semblait étrange. De plus, elle avait une forte migraine due aux produits toxiques respirés pendant la rencontre. Pas au mieux de sa forme, elle prit le métro et rentra chez elle.
Elle fit une longue sieste et partit au parc pour manger et faire un jogging, ce qui l’aidait à réfléchir. Elle acheta sur le chemin un sandwich pour le repas (jambon-beurre-comté-concombres). Elle emporta également un paquet de chips nature à l’ancienne et une clémentine pour le dessert. Le temps était au beau fixe et Gwen, un sourire aux lèvres, oublia ses soucis pour quelques heures. Une fois arrivée, elle prit place sur un banc et dévora son repas en pianotant sur son téléphone portable. Ensuite, elle courut pendant une heure. Elle pratiquait normalement ce sport trois fois par semaine mais elle l’avait un peu oublié ces derniers temps. L’enquête occupait désormais toutes ses journées. Elle fit cinq tours du parc, son record. A la fin, elle transpirait énormément mais elle avait besoin de se dépenser et elle se sentait tellement bien ! Elle rentra à pied et prit une bonne douche (tiède car elle détestait les douches trop chaudes).
Elle passa un coup de fil à Stéphane et compléta sa fiche sur Anthony Markson.
Elle chercha sur internet le lieu de la conférence de presse qui l’amènerait à revoir le suspect. Elle se tiendrait à Rouen une semaine plus tard. Gwen avait hâte d’en savoir plus …
Chapitre 6
Plus tard dans la journée, vers 17h, Gwen avisa qu’elle avait encore le temps de rendre visite à un suspect : Robert Bortulazi. Après une petite recherche, elle put situer sa maison, elle était en banlieue parisienne et il semblait richissime.
La détective prit le métro puis le bus et arriva dans la Rue des Capucines. Toutes les demeures étaient grandes et immaculées. Cela contrastait étrangement avec l’intérieur de l’appartement d’Anthony Markson. Ayant trouvé le numéro 27, Gwen Latornade sonna à la porte. Elle userait de la même technique que la première fois et poserait les même questions, ça lui simplifierait la tâche.
Une dizaine de minutes plus tard, elle commençait à s’impatienter. C’est alors que Monsieur Bortulazi ouvrit la porte d’un air contrarié. Il était en peignoir et avait les cheveux dégoulinants. Gwen l’avait apparemment surpris pendant sa douche ou son bain.
« Il vaudrait mieux que je ne lui demande pas de le filmer, il pourrait mal le prendre », pensa-elle avec perspicacité.
« Bonjour ! dit-elle avec un grand sourire.
-Bonjour, je n’attendais personne mais entrez, entrez.
-Merci. »
A l’extrême différence d’Antony Markson, Robert semblait énormément se soucier de la propreté de sa demeure. Les meubles en marbre et les fauteuils de luxe en velours faisaient face aux baies vitrées sans aucune trace de doigts et à l’écran plat gigantesque du magnifique salon. L’air sentait le parfum et toutes les couleurs s’accordaient parfaitement. Il n’y avait que du blanc, du gris, du bois, des miroirs et même un immense plafond végétal. Tout n’était que beauté, richesse et harmonie et l’enquêtrice se sentit soudain un peu intimidée, pas à sa place. Elle se reprit vite et choisit de flatter l’homme avant d’évoquer ses questions.
« Votre maison est magnifique, vous devez avoir des goûts exceptionnels et votre demeure force le respect et l’admiration.
-Oui, c’est vrai que les gens qui me rendent visite repartent des étoiles plein les yeux, en toute modestie bien sûr. Euh, oui ! Quelle est la raison de votre visite ?
-Je suis journaliste et j’aimerais vous interviewer pour un journal scientifique. Ce ne sera pas long, j’aimerais juste vous poser trois, quatre petites questions.
-Allez-y mais faites vite, j’ai à faire !
-D’accord. Alors, à quel âge avez-vous commencé à vous intéresser aux sciences ?
-J’ai toujours aimé ça au collège et je suis donc allé dans un lycée spécialisé. J’avais environ quinze ans.
– Seriez-vous d’accord pour nous livrer quelques informations en exclusivité à propos de votre nouveau projet dont vous n’avez jusqu’à maintenant rien révélé ?
-Si vous le souhaitez. J’aimerais créer un vaccin contre le cancer du bras. Je ne l’ai pas encore révélé car il me manquait une équation. Mais maintenant, je l’ai ! », s’exclama-t-il, triomphant.
Déstabilisée, Gwen ne répondit rien pendant un instant.
« Ça va ?
-Euh oui, merci, j’étais perdue dans mes pensées. Mais ce serait incroyable de développer un vaccin contre le cancer du bras !
J’ai une dernière question : Que pensez-vous des travaux mythiques du professeur George Dirat ? Nous aimerions lui rendre hommage avec un dossier sur les treize ans de sa mort et nous voudrions quelques mots de plusieurs scientifiques.
-Je vous avouerais que, euh, je ne suivais pas ses travaux de très près mais nous étions dans le même lycée et même si nos relations étaient un peu, euh, tendues, il était d’une intelligence exceptionnelle ! »
Il bégayait et évitait soigneusement le regard de Gwen en disant ces mots. En y réfléchissant, elle se rendit compte qu’il avait cette attitude depuis le début de leur entrevue. Son comportement ne semblait pas innocent.
« Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions. Au revoir.
-Au revoir ! »
Dès qu’elle fut chez elle, la jeune femme nota ses observations et, exténuée par sa journée et sa course à pied, elle se coucha de bonne heure, sans même avoir mangé !
Chapitre 7
Son objectif du jour était de finir les « interviews » de tous les suspects résidents en France. Elle en avait déjà fait trois sur quatre. Il ne lui restait qu’à aller chez Cédric Siraddi. Elle prit un malin plaisir à glisser quelques amandes dans sa poche. Elle s’en servirait ou pas en fonction du caractère de l’homme.
Elle dut cette fois prendre le TGV car il habitait à Lille. Après une petite heure dans le train, la jeune femme marcha jusqu’au 209 route de la Tarte au Citron.
Cédric vivait dans un petit et charmant quartier résidentiel aux belles maisons mitoyennes aux couleurs claires avec des touches de pastel. Une jolie boîte aux lettres était placée devant chaque logement.
La jeune femme marcha jusqu’au numéro 209. La demeure de l’homme était tout au bout de la rue. Elle était gigantesque et recouverte de plantes grimpantes colorées. Le grand et magnifique jardin était parsemé de fleurs et un vieux puits disparaissant derrière de la mousse trônait en son centre. Une petite fille aux cheveux blonds tressés et un jeune garçon qui avait les yeux noirs comme son père couraient dans l’herbe. Ils riaient aux éclats en se bousculant. Attendrie, Gwen s’arrêta quelques instants avant de sonner au portail. Celui-ci s’ouvrit et Cédric Siraddi sortit par la porte. Il était exactement comme sur les photos mais habillé de façon plus décontractée. La détective dut se baisser pour lui serrer la main tant il était petit. Il lui arrivait au coude ! Il lui adressa un grand sourire chaleureux.
« Bonjour ! s’exclama-t-il.
-Bonjour Monsieur.
-Appelez-moi Cédric !
-Alors, Cédric, excusez-moi de vous déranger …
-Vous ne me dérangez pas !
-J’aimerais vous poser quelques questions pour le magazine « La science à travers les âges » et, si vous êtes d’accord, vous filmer pour le site internet.
-Avec plaisir ! Entrez donc ! »
Les enfants, intrigués par leur visiteuse, les suivirent. Mais, après une demande de leur père, ils retournèrent jouer dehors.
Après cet accueil chaleureux, à l’aise, Gwen faillit oublier sa mission d’observation. Heureusement, son esprit de détective reprit le dessus.
L’intérieur était relativement ordonné et convivial, cosy. Il y avait comme une ambiance de chalet montagnard. Les meubles étaient rustiques et tout de bois. Une immense cheminée ouverte prenait la moitié du salon. Une odeur alléchante de viande et d’épices flottait dans toutes les pièces. Des jouets étaient sur le sol et des dessins colorés décoraient le frigo.
« Où pouvons-nous nous installer ? demanda Gwen.
-Peut-être au sous-sol pour ne pas réveiller ma femme, elle a des horaires de nuit.
-D’accord, pas de souci !
-Nous pourrions aller dans mon bureau ? proposa le scientifique.
-Parfait ! »
Gwen lui emboita le pas dans de longs escaliers qui débouchaient sur un immense laboratoire. Des explosions et différents sons se faisaient entendre. Des mélanges multicolores au couleurs plus ou moins vives s’alignaient dans des centaines d’éprouvettes. Mais la jeune femme n’eut pas le temps de s’attarder : l’homme était déjà dans une autre pièce. Gwen pressa le pas pour le rattraper et arriva dans un bureau classique. Elle nota tout de même la présence de nombreux meubles de rangement. La plupart était fermés à clef. Cédric installa une chaise derrière le bureau pour Gwen. Elle s’assit et sortit son téléphone pour faire office de caméra.
« C’est parti ! dit-elle en démarrant la vidéo. Quel âge aviez-vous quand vous avez commencé la science ?
-ça m’a toujours fasciné et l’été de mes treize ans, mes parents m’ont inscrit en colo scientifique. Depuis, je n’ai jamais arrêté !
-Super ! Pourriez-vous nous livrer quelques informations sur votre projet que vous avez qualifié de « personnel » ?
-Pouvez-vous arrêter de filmer s’il-vous-plaît ? »
L’enquêtrice s’exécuta.
« Depuis quelques années, j’ai une maladie. Ma vue va baisser petit à petit. Dans environ deux ans, je serai totalement aveugle.
-Mais c’est affreux ! le coupa-t-elle avec effroi.
-Quand j’aurais perdu la vue, je vais devoir arrêter mon métier. Avant de partir, je veux finir par une action symbolique dont on se souviendra dans longtemps pour aider ceux qui ont sont et seront dans la même situation que moi. Je vais tout faire pour créer un médicament qui ne fera pas que ralentir le processus mais qui l’arrêtera totalement.
-C’est un magnifique projet. »
Après cette conversation, Gwen discuta un peu avec Cédric mais ne lui posa pas la dernière question. Il s’était confié à elle et lui avait montré ses calculs. Même si elle le considérait encore comme un suspect, elle le pensait honnête et abandonnerait sa piste pour le moment.
Elle regarda l’heure et se rendit compte qu’elle était restée longtemps chez Cédric. Elle n’avait pas vu le temps passer !
Elle rentra chez elle, déjeuna d’une salade en vitesse et se rendit à « Voyage au bout du monde » où Stéphane l’attendait depuis plus d’une heure pour un compte-rendu des visites. Elle s’excusa auprès de lui mais il ne lui en tint pas rigueur. Il avait trop hâte d’entendre les impressions de Gwen à propos des suspects. Elle commença par décrire une à une les entrevues. Ensuite, elle lui donna ses impressions : elle trouvait Anthony Markson pas très accueillant et elle avait hâte d’être à sa conférence de presse pour en savoir plus sur son projet. Robert Bortulazi lui paraissait loin d’être innocent, entre son attitude étrange à son égard et la découverte soudaine de son équation. Enfin, Cédric Siraddi était gentil, agréable et honnête, et même si Gwen continuerait à s’en méfier, elle ne le voyait pas du tout faire une chose pareille.
Stéphane, satisfait des informations données par la jeune femme, put s’endormir assez facilement. Gwen, en revanche, redoutait sa rencontre avec les personnes restantes. En plus du stress qu’elle éprouvait toujours durant les enquêtes, elle allait devoir mener les entrevues en anglais pour communiquer avec Lucas Marinaya, Émilie Karse et Chris Lillat. Elle avait beau maîtriser cette langue, cela ajoutait une difficulté supplémentaire. Elle s’assoupit très tard, sombrant dans un sommeil agité.
Chapitre 8
Quelques jours plus tard, Gwen se rendit à l’aéroport et monta dans l’avion à destina-tion de Reykjavík en Islande. Elle était assise près du hublot. A côté d’elle, un homme relativement âgé dormait et ronflait très bruyamment. Ça ne la dérangeait pas plus que ça au début mais comme le voyage durait trois heures et demi, elle finit un peu agacée, d’autant plus que le monsieur dépassait sur son siège. Pour s’occuper, elle révisa son vocabulaire d’anglais, lut un livre d’amour et regarda quelques épisodes de sa série sur Netflix. Une fois arrivée, elle s’acheta une barre chocolatée pour le goûter. Elle prit ensuite un taxi jusqu’à sa chambre d’hôtel à une demi-heure du vil-lage de Vik où habitaient Émilie Karse et Chris Lillat. Elle prit la décision de leur rendre visite le lendemain et de profiter de la fin d’après-midi pour faire un peu de tourisme. Elle admira des paysages à couper le souffle, se promena sur la plage et mangea de la soupe d’agneau (kjötsupa) devant une vue spectaculaire sur l’Océan Atlantique. Elle put aussi prendre de magnifiques photos. Elle en avait presque oublié la mission qui l’attendait le jour suivant. Elle se coucha tôt et s’endormit dans un sommeil profond.
Le lendemain, elle se réveilla vers huit heures. Après un petit-déjeuner à l’hôtel, elle courut pendant quarante-cinq minutes et vers dix heures, elle se rendit chez les sus-pects islandais en taxi. Vik était un charmant petit village au bord de l’océan. Les vagues gigantesques s’écrasaient sur le rivage. Le village était surplombé par d’immenses falaises. En ce mois de mai, il était recouvert de verdure.
Elle trouva le 13 rue Maraki et toqua à la porte. C’est Chris qui lui ouvrit. Il portait une polaire, un pantalon de survêtement, des chaussettes et des sandales. Il tenait une cigarette entre ses doigts.
Il marmonna quelque chose dans sa barbe et lui fit signe d’entrer. En lui emboîtant le pas, Gwen l’entendit soupirer d’un air profondément agacé. Dans la pièce principale, Emilie était entourée de cartons et juste sa tête dépassait. Elle réussit à s’en extraire et la détective découvrit le look de la jeune femme souriante : un look « d’artiste ». Elle avait un foulard coloré attaché dans ses cheveux courts et un t-shirt blanc customisé avec une multitude de taches de peinture multicolores. Elle portait un jean large à trous et un appareil photo vintage accompagnait les dizaines de colliers autour de son cou.
L’enquêtrice se présenta en tant que journaliste et leur demanda de répondre à ses questions.
Chris partit dans une autre pièce car « il n’aimait pas parler aux inconnus ».
« Excusez-le. Je peux répondre pour deux car nous travaillons et passons tout notre temps ensemble.
-D’accord, pas de souci !
-Allez-y.
-Alors, à quel âge avez-vous commencé à réaliser des expériences ?
-Mon oncle, le père de Chris, nous a appris à créer des petits cristaux avec un atelier qu’il avait acheté. Nous avions sept ans. Quand nous avions quinze ans, il est mort, dit-elle avec un visage plein de tristesse. Depuis qu’il n’est plus avec nous, nous continuons à réaliser des expériences car c’est le métier qu’il exerçait et nous avons choisi la même voie que lui pour lui rendre hommage. Depuis environ un mois, nous avons décidé de nous reconvertir car les produits toxiques m’abimaient la santé. Par solidarité, Chris a arrêté aussi. Maintenant je veux être photographe. C’est mon rêve depuis que je suis toute petite. »
Gwendoline en était sûre : ils étaient innocents. Le crime avait été commis il y a moins d’un mois auparavant et les deux cousins n’avaient aucune raison de voler l’ouvrage s’ils ne faisaient plus de science.
La « journaliste » inventa quelques questions puis marcha un peu dans Vik. Elle était heureuse de la tournure que prenait son enquête. Elle pouvait innocenter deux suspects d’un coup ! En plus, elle s’était très bien débrouillée pour communiquer en anglais avec Emilie. Elle espérait que ce serait la même chose en Inde.
Sa joie fut de courte durée quand elle se rappela qu’elle devrait monter dans son avion pour Delhi deux heures plus tard. Un chauffeur de taxi pressé lui rappela qu’elle l’avait appelé pour dix heures moins le quart et qu’il était déjà dix heures et quart. La jeune femme jeta ses affaires dans son sac à dos en vitesse et rejoignit le conducteur en courant. Il ne lui fit aucune remarque mais regarda sa montre avec insistance, lui montrant bien qu’il avait horreur des gens en retard. Arrivée à l’aéroport, elle passa tous les contrôles en courant de l’un à l’autre, acheta un sandwich et un Twix pour son repas et sauta dans l’avion. Juste à temps !
Elle eut plus de chance que lors de son précédent vol car personne n’était assis à côté d’elle. D’autant plus que le vol dura 22 heures. Il y avait 5h30 de décalage horaire. Elle arriverait normalement à 4h45 du matin. En se rapprochant peu à peu de Delhi, elle remarqua une brume jaunâtre de pollution qui les entourait. Presque un jour plus tard, les portes de l’avion s’ouvrirent sur un endroit inconnu pour Gwen : l’Inde …
Chapitre 9
Gwen sortit de l’aéroport et se rendit à son hôtel. Elle dut malheureusement attendre l’ouverture des magasins pour prendre son petit-déjeuner. Quand ce fut le cas, elle commença par marcher un peu avant de s’arrêter, affamée, dans un street-food, où elle acheta un gros petit-déjeuner : un festin d’idli, des gâteaux sablés moelleux accompagnés d’un chutney de noix de coco. C’était délicieux ! Elle n’était pas trop fatiguée car elle avait heureusement pu dormir un peu pendant le vol. Vers 11h (heure indienne), elle alla au 8, Kamraj Road. Le suspect, Lucas Marinaya, habitait dans un immeuble dégradé entouré de ruelles étroites et sombres. C’était un quartier assez pauvre. Elle toqua à la porte et une femme âgée vêtue d’une robe bordeaux usée lui ouvrit avec un sourire. Gwen demanda à parler au suspect et la femme appela celui-ci. Quand il arriva, l’enquêtrice remarqua qu’il était de très grande taille. Il portait son éternelle chaîne autour du cou et on voyait très clairement le tatouage en forme d’oiseau qui était sur son poignet. Avec ses épaules larges et son crâne rasé, il était vraiment impressionnant. L’expression « armoire à glace » lui correspondait parfaitement. Une expression bienveillante illuminait cependant son visage et quand il parlait, il y avait un sourire dans sa voix. Gwen le trouva tout de suite sympathique. Après les présentations habituelles, elle lui posa les mêmes questions qu’aux autres suspects. Elle apprit que Lucas était un passionné des sciences depuis son plus jeune âge et qu’à part dans cette matière, il n’était pas doué en cours. Il s’était donc tout naturellement tourné vers des études scientifiques.
Gwen l’interrogea sur le projet d’arme chimique sur lequel il travaillait d’après les médias et qui faisait scandale. Touché au vif, il lui expliqua que c’était une fausse rumeur lancée par son ennemi et concurrent dans le monde de la science. Cet escroc avait fait fuiter cette fausse information dans la presse pour exclure Lucas des subventions données par le gouvernement et les recevoir à sa place.
En réalité, cette année-là, il participait à des réunions tous les soirs et pendant une bonne partie de la nuit avec ses collègues scientifiques dans le cadre du projet « Sciences et écologie ». Après la création d’une nouvelle matière révolutionnaire et non polluante pour remplacer le plastique, ils cherchaient à développer au maximum les énergies renouvelables existantes et à en trouver de nouvelles. Il lui dit avoir toujours répondu présent lors de leurs rassemblements pour ne manquer aucune avancée dans cette démarche.
L’avion de Gwen pour la France ne décollait qu’à 22h. Elle avait donc encore beaucoup de temps pour faire du tourisme. Elle alla d’abord au temple du Lotus dans le quartier Bahapur. C’est un bâtiment en marbre blanc exceptionnel, à couper le souffle. Il est entouré de jardins, fontaines et étangs et la balade qu’elle fit était très agréable.
Ensuite, elle visita la Birla House (la maison où vivait Mahatma Gandhi) et elle courut dans les jardins de Lodi, un lieu magnifique, luxuriant et regorgeant de verdure où elle passa quelques heures.
Le soir, pour terminer, elle se rendit à la porte de l’Inde, un monument magnifique où se trouvait une foule animée.
Elle dût, à regret, retourner à l’hôtel et monter dans son avion. Elle se promit de revenir en Inde pendant ses prochaines vacances pour vraiment profiter.
Les premières heures de voyage passèrent très lentement pour Gwen. Elle profita du vol pour réfléchir à la stratégie qu’elle emploierait pour découvrir le coupable mais elle manquait d’idées et d’inspirations. Elle appela aussi sa sœur, Lou, et lui raconta tout le déroulement de l’enquête. Et là, Lou eut une idée géniale : elle proposa à Gwen de tendre un piège au voleur-meurtrier. Cela consistait à raconter à la presse qu’un deuxième volume unique au monde contenant une nouvelle série d’équations inventée par George Dirat était en train d’être relié par l’assistant de Céline qui avait repris la boutique à son décès. Avec un peu de chance, le voleur viendrait à l’atelier de reliure et Gwen, cachée à « Voyage au bout du monde », le prendrait la main dans le sac.
Ce plan était très bien trouvé et même si la détective voulait à la base se rendre à la conférence de presse donnée par Anthony Markson, elle allait changer ses projets pour se préparer à sa mission. Elle passa une bonne partie du trajet à écrire son communiqué et, satisfaite, elle vaqua à ses occupations et dormit un peu.
A 14h30 (heure française), son avion se posa à l’aéroport Charles de Gaule à Paris et elle en sortit, un sourire aux lèvres.
Chapitre 10
Elle rentra chez elle pour déposer son sac à dos et faire une petite sieste. Ensuite, elle envoya son communiqué à l’AFP (Agence France-Presse) pour qu’il soit publié dans les journaux du lendemain. Elle appela également son ami policier pour qu’il soit présent avec elle sur les lieux du crime avec des menottes pour arrêter le criminel. Elle prépara un sac. Elle le remplit d’eau, de nourriture, d’un Thermos de café, d’un livre, d’une lampe de poche, d’un couteau, d’un pull et de son téléphone portable. Elle alla voir Stéphane pour lui exposer son plan, récupérer les clefs de la boutique et discuter un peu. Puis, exténuée, elle se coucha vers 20h. Elle avait plusieurs heures de sommeil à rattraper.
Gwen se leva à 9h le jour suivant. Elle se prépara, passa à la boulangerie, mangea son pain au chocolat en vitesse, attrapa ses affaires et ses clefs, fila dans sa voiture et se gara devant la boutique. Elle avait fait tout ça en une demi-heure. Elle entreprit alors de trouver une bonne cachette assez grande pour elle et le policier. Et là, après une demi-heure de recherche, elle remarqua de grandes et vielles machines de reliure recouvertes par d’immense draps blancs tout au fond de la pièce. Ils pourraient facilement se glisser chacun sous une machine et faire des trous dans le drap pour pouvoir regarder ! Gwen y installa ses affaires et de gros coussins et fit des trous grossiers dans le tissu. Elle plaça un livre quelconque bien en évidence sur une table comme si l’ouvrage était en train de sécher puis elle se glissa dans son abri. Peu de temps après, elle entendit du bruit. Son cœur se mit à battre à une vitesse folle alors qu’elle jetait un œil à l’ouverture. Elle découvrit… Antoine, son ami policier qui venait d’arriver et qui la cherchait du regard. Il était assez grand et musclé. Il avait une très longue et belle moustache et un sac à dos plein à craquer : des romans à l’eau de rose en quantité, du matériel de dessin et un jeu de tarot. Gwen sortit de son abri et lui présenta les cachettes. Elle le taquina un peu au sujet des choses qu’il avait apportées. Ils se mirent en place et attendirent. De temps en temps, ils entendaient des bruits venant de la rue et sursautaient mais sinon, rien ne se passait et ils commençaient sérieusement à s’ennuyer. L’enquêtrice avait pensé que ce serait excitant mais elle s’était trompée sur toute la ligne. Elle scrolla sur Internet pour s’occuper, comparant les tarifs des vols à destination de l’Inde pour ses prochaines vacances. La nuit commençait à tomber et Antoine s’endormit. Au bout d’un moment, il commença à ronfler et Gwen lui jeta un coussin dessus pour le réveiller. Elle essayait à tout prix de ne pas sombrer dans le sommeil mais la lutte devenait de plus en plus difficile.
Elle était sur le point de s’endormir quand, soudain, la porte d’entrée grinça au rez-de-chaussée. Les deux amis retinrent leur souffle. Quelqu’un montait les marches de l’escalier qui craquaient sous ses pas. Le cœur de la détective s’affola alors qu’une silhouette s’approchait de la table où était posé l’ouvrage.
Dans le noir, Antoine s’approcha sans bruit de l’interrupteur alors que Gwen sortait de sa cachette et attrapait son couteau. Quand la lumière s’alluma, le coupable sursauta et courut vers la porte. Heureusement, la jeune femme bloquait déjà l’issue. Paniqué, l’homme se tourna vers la fenêtre. La voie était impraticable car le policier se trouvait devant. Les deux amis s’avancèrent vers le voleur. Alors que Gwen tenait fermement l’individu, son compagnon lui passa les menottes aux poignets. La détective le plaqua contre un mur et Antoine entreprit de lui retirer sa cagoule. L’inconnu se débattait et résistait mais Gwen parvint à l’immobiliser et à s’emparer du poignard qu’il avait à la ceinture. D’un geste vif, le policier lui arracha enfin sa cagoule…
Chapitre 11
Ils découvrirent un homme grand et assez mince. Il correspondait parfaitement à la description faite par les deux témoins : il avait la peau mate, les cheveux très foncés et de nombreux tatouages tapissaient sa nuque. Ses dents étaient abimées. Il regardait dans toutes les directions possibles comme s’il voulait trouver une autre issue pour s’échapper.
« Qui êtes-vous ? demanda Gwen.
-… »
Antoine prit le couteau et le plaça contre le cou de l’homme.
– Qui êtes-vous ?
-Je suis Maxime Nastia, dit-il sans lâcher l’arme du regard.
-Pour qui travaillez-vous ?
-Pour personne. »
Le policier accentua la pression sur l’arme blanche qu’il avait à la main.
« Je … je travaille pour Anthony Markson, mon oncle, répondit le voleur en tremblant. »
Gwen ne savait pas trop quoi penser de cet aveu mais en un sens, elle était heureuse que le coupable ne soit pas Cédric Siraddi, par exemple, car elle l’avait trouvé très sympathique.
Ensuite, tout alla très vite. L’homme parvint à se libérer de la poigne de la détective et fila vers la porte maintenant dégagée. Il descendit les marches en courant mais les deux amis ne bougèrent pas. Cela faisait effectivement partie de leur plan.
Maxime dut s’arrêter net à la sortie. Une dizaine de policiers appelés par Antoine et Gwen plus tôt dans la journée l’attendaient et lui faisaient face. Il se retrouva bien vite encerclé et amené de force dans une voiture, direction : le commissariat !
Quelques heures plus tard, un groupe d’entre eux rendit une petite visite à Anthony Markson. Tout comme son neveu, il encourait une lourde peine de prison.
Aussitôt après, Gwen appela Stéphane et lui raconta tout.
Ensuite, elle remercia Antoine pour son aide précieuse et elle rentra chez elle, fatiguée et soulagée que cette enquête soit terminée.
Elle fut réveillée très tôt le lendemain matin par une sonnerie de téléphone.
« Allô, Gwendoline Latornade, détective privée, en quoi puis-je vous aider ?
-… »
Fin !
Désolée si c’est long !
A bientôt !